Serment de La Fayette à la fête de la Fédération, Le 14 juillet 1790
« Si l’on avait fait davantage confiance à Monsieur de La Fayette, mes parents seraient encore en vie. »
MARIE THÉRÈSE DE FRANCE (1778-1851)
Fille aînée de Louis XVI et de Marie-Antoinette, seule survivante des enfants royaux, libérée en 1795 à 17 ans, « Madame Royale » reconnaîtra le rôle joué par le héros le plus populaire de la Révolution en ses débuts.
UNE IDÉE DE PEINTURE
Serment de La Fayette à la fête de la Fédération,
Le 14 juillet 1790
Près de quatre cent mille personnes convergent vers le Champ-de-Mars ce 14 juillet 1790, en dépit d’un ciel bas et lourd, pour célébrer la Fédération, un an après la prise de la Bastille. Décrétée par l’Assemblée constituante, la fête de la Fédération devait réunir à Paris, autour du roi, les soldats-citoyens gardiens des libertés acquises.
C’est en 1791 que L. David peint cette toile, soit après que l’on s’est rendu compte que la fête de la Fédération n’était pas l’achèvement parfait de la Révolution en cours. Pourtant, l’artiste veut donner au spectateur l’illusion que l’union de la nation (via les gardes nationales), de la loi (via les députés) et du roi (pourtant absent de la toile) s’est incarnée dans la personne de La Fayette le 14 juillet 1790.
La toile de David symbolise donc a posteriori l’idéal devenu illusoire qu’aura incarné La Fayette pendant les premières années de la Révolution, un idéal mêlé de liberté, de modération, d’attachement à la monarchie constitutionnelle, d’unanimisme autour d’une nation réconciliatrice du roi et du peuple.
UN PEU D'HISTOIRE DE FRANCE
Des fêtes civiques spontanées organisées çà et là dans les départements ont inspiré l'idée de cette grande fête d'union nationale aux députés de l'Assemblée constituante et au marquis de La Fayette, homme de confiance du roi.
Les députés et les délégués de tous les départements, les «Fédérés» forment un immense cortège qui traverse la Seine et gagne la vaste esplanade du Champ-de-Mars.
La tribune royale est située à une extrémité du Champ-de-Mars, sous une haute tente. À l'autre extrémité, un arc de triomphe. Au centre de l'esplanade, Talleyrand, évêque d'Autun (qui ne se cache pas d'être athée), célèbre la messe sur l'autel de la patrie, entouré de 300 prêtres en surplis de cérémonie.
Ensuite vient la prestation de serment. La Fayette, commandant de la garde nationale, prononce celui-ci le premier, au nom des gardes nationales fédérées : «Nous jurons de rester à jamais fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi et de protéger conformément aux lois la sûreté des personnes et des propriétés, la circulation des grains et des subsistances dans l'intérieur du royaume, la prescription des contributions publiques sous quelque forme qu'elle existe, et de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité».
Après La Fayette, c'est au tour du président de l'Assemblée de prêter serment au nom des députés et des électeurs.
Enfin, le roi prête à son tour serment de fidélité aux lois nouvelles : «Moi, roi des Français, je jure d'employer le pouvoir qui m'est délégué par la loi constitutionnelle de l'État, à maintenir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par moi et à faire exécuter les lois». La reine, se levant et montrant le Dauphin : «Voilà mon fils, il s'unit, ainsi que moi, aux mêmes sentiments».
Malgré la pluie qui clôture la journée, le public retourne ravi dans ses foyers.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Te Deum de FRANCOIS JOSEPH GOSSEC en Fa majeur. RH 602
composé pour la fête de la Fédération du 14 juillet 1790.
https://youtu.be/3k4ep-uDj6Y
François-Joseph Gossec, une ascension sous les Lumières ! Jusqu'en 1789, Gossec connaît une magnifique ascension en tant que compositeur. Mais il sera considéré comme démodé sous le consulat et l'Empire. Mais L'irrésistible ascension de Gossec se montre très intéressante en tant que témoignage des goûts musicaux d'alors.
Dès ses 6 symphonies op. 3, Gossec montre un grand intérêt au genre. Symphoniste prolixe, il mêle à leur composition des fondations d'orchestre (L'Orchestre des Amateurs, un des plus réputés d'Europe alors), intègre les dernières innovations (introduction des clarinettes), dirige les grandes symphonies récentes (Haydn), et s'attire les grâces des mécènes par des oeuvres de plus grande envergure (La Messe des Morts). A la veille de la Révolution Française, il est le compositeur à suivre.