Madame de Montespan par à François de Troy (1645-1730)
Madame de Montespan couvre ses murs de peintures et fait de son appartement « le centre de l’esprit » de la Cour du Roi. Sous sa protection, sont placés des artistes aussi illustres que Molière ou les poètes La Fontaine et Philippe Quinault. (Une favorite influente 1640-1707)
UNE IDÉE DE PEINTURE
Ce portrait de Madame de Montespan d'elle de 1692 , attribuée à François de Troy (1645-1730) et conservée au château de Versailles, il nous la présente - avec la symbolique fleur d'oranger - l'année de son mariage avec Philippe II d'Orléans, duc de Chartres.
François de Troy naquit à Toulouse l'an 1645. Jean de Troy, son père, était peintre de l'Hôtel de ville et lui donna les premières leçons de son art. Il avait reçu de la nature les talents qui font le grand peintre. Il fit le voyage de Paris dans sa première jeunesse. Il étudia d'abord sous Nicolas Loir et quelque temps après (en 1662) sous Claude Lefèvre, fameux peintre de portrait. C'est ce qui, joint à son peu de fortune et à des succès brillants, le détermina pour ce genre dans lequel il ne tarda pas à exceller.
Son génie était vaste, fécond et tel qu'il faut à un peintre d'histoire. Quelques ouvrages que l'on voit de lui en sont la preuve. C'est en qualité de peintre d'histoire qu'il fut en 1694 reçu à l'Académie royale où il passa dans la suite par toutes les charges. Son morceau de réception représente Mercure endormant Argus.
UN PEU DE LITTÉRATURE
En 1663, Louis-Henri de Montespan, jeune marquis désargenté, épouse la somptueuse Françoise "Athénaïs" de Rochechouart. Lorsque cette dernière accède à la charge de dame de compagnie de la reine, ses charmes ne tardent pas à éblouir le monarque à qui nulle femme ne saurait résister. D'époux comblé, le Montespan devient alors la risée des courtisans. Désormais, et jusqu'à la fin de ses jours, il n'aura de cesse de braver l'autorité de Louis XIV et d'exiger de lui qu'il lui rende sa femme.
Lorsqu'il apprend son infortune conjugale, le marquis fait repeindre son carrosse en noir et orner le toit du véhicule d'énormes ramures de cerf. La provocation fait scandale mais ne s'arrête pas là. Le roi lui a pris sa femme, qu'à cela ne tienne : il séduira la sienne. Une fois introduit dans la chambre de la reine, seule la laideur repoussante de celle-ci le fera renoncer à ses plans. À force d impertinences répétées, l'atypique, facétieux et très amoureux marquis échappera de justesse à une tentative d'assassinat, puis sera exilé sur ses terres jusqu'à sa mort.
En ayant porté haut son indignation, y compris auprès du pape, le marquis de Montespan fut l'une des premières figures historiques à oser contester la légitimité de la monarchie absolue de droit divin. Il incarne à lui seul l'esprit révolutionnaire qui renversera un siècle plus tard l'Ancien Régime.
Après avoir si brillamment dépeint le Moyen Âge dans Je, François Villon, Teulé, qui a le don de brosser l'atmosphère d'une époque, restitue le temps des précieuses ridicules et des salons mondains, comme celui des chansons paillardes et des crasseuses garnisons du roi. Son style emprunte aussi bien à la verve des fabulistes dont Mme de Montespan fut la protectrice, qu à la grivoiserie populaire. Et nous fait reprendre goût, par son humour irrésistible, à la saveur d'une langue piquante et imagée...
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Élisabeth Jacquet de la Guerre (1665–1729)- "Sur une Mer" from cantata "Le Sommeil d’Ulysse"
https://youtu.be/BOQOmCgK3e8
Elisabeth Jacquet de La Guerre Compositrice et claveciniste française (Paris, 17 mars 1665 – Paris, 27 juin 1729) Claveciniste et improvisatrice virtuose, Elisabeth Jacquet de La Guerre est la compositrice la plus célèbre de l’Ancien Régime. Pionnière dans le domaine, elle intègre dans son écriture les différentes influences de son temps, au-delà du clivage entre esthétiques italienne et française.
Issue d’une lignée de musiciens, facteurs de clavecins à Paris, Elisabeth Jacquet est formée à la musique par son père Claude Jacquet, organiste à l’église Saint-Louis-en-l’Isle (4e arrondissement). Parmi ses frères et sœurs, Elisabeth Jacquet montre rapidement d’étonnantes dispositions pour le clavecin et pour le chant, ce qui lui vaut de se produire devant le roi Louis XIV à l'âge de cinq ans. Enfant prodige, elle s’accompagne dans des airs de sa composition, transposant facilement ses mélodies dans n’importe quel ton. Très appréciée par le Roi, elle intègre la cour à dix-sept ans sous la protection de sa favorite Madame de Montespan. A dix-neuf ans, elle épouse le claveciniste Marin de La Guerre, dont elle adopte le nom en même temps que la renommée.
Obligée de quitter la cour après son mariage, Elisabeth Jacquet de La Guerre s’installe à Paris sur l’île Saint-Louis, où elle donne nombre de leçons et concerts devenus très réputés. Elle compte notamment, parmi ses élèves, son filleul Louis-Claude Daquin. Interprète et improvisatrice hors pair, elle compose à cette époque diverses suites, sonates et sonates en trio pour le clavecin, qu'elle parvient à faire publier avec l'appui du Roi. Loin de limiter son travail à ce seul instrument, elle s'essaie à tous les genres musicaux : musique religieuse, musique profane, pièces de tradition française et nouveautés italiennes. Dans la lignée de Jean-Baptiste Lully, elle compose notamment la tragédie lyrique Céphale et Procris, d'après le mythe issu des Métamorphoses d'Ovide_._ Créée à l'Académie Royale de Musique, l’œuvre est également exécutée à l'Académie de Musique de Strasbourg, grâce à sa collaboration avec le compositeur Sébastien de Brossard. Elle écrit aussi de nombreux opéras, des opéras-ballets, des cantates françaises à une voix, ainsi qu'un Te Deum à grands Chœurs, qu’elle fait exécuter dans la Chapelle du Louvre pour la convalescence du roi Louis XV.
Toute sa vie, Elisabeth Jacquet de La Guerre a œuvré pour faire jouer sa musique dans les plus hautes sphères musicales de son époque, passant outre les entraves liées à son statut de femme. Malgré son engagement auprès de Louis XIV, elle ne put jamais accéder au poste de musicien officiel à la Cour, mais garda toujours le respect de ses pairs comme celui du Roi. Elle peut être considérée comme la première compositrice française.