Pierre-Simon de Laplace par Pierre-Narcisse Guerin (1774-1833)
Le mathématicien Pierre-Simon de Laplace est convié à un grand dîner. Comme il se montre peu bavard, un invité lui lance : - "On dit que vous êtes un savant. Mais qu'est-ce qui sépare le savant de l'âne ? - La table, répondit Laplace."
UNE IDÉE DE PEINTURE
Portrait de Pierre-Simon de Laplace par Pierre-Narcisse Guerin (1774-1833). Versailles, Château De Versailles.
Pierre-Narcisse Guérin naît le 13 mars 1774 à Paris, de parents thiernois. Son père est quincaillier. Bien que non attiré par les arts, encouragé par ses parents, il est admis en 1785 à l'Académie royale de peinture et de sculpture à Paris. Il y est l’élève d'Hughes Taraval et de Nicolas Guy Brenet puis en est exclu par paresse et n'y est réintégré que lorsque Jean-Baptiste Regnault en prend la direction.
Second prix de Rome 1796, en 1797, il obtient le premier grand prix de Rome pour La Mort de Caton d'Utique. Son premier tableau remarquable est Le Retour de Marcus Sextus, qui connaît un succès au Salon de 1799. Peu après, il peint son Orphée au tombeau d'Eurydice et L'Offrande à Esculape. Il est un temps pressenti pour marier Julie Le Brun, fille d'Élisabeth Vigée Le Brun, mais celle-ci tombe amoureuse du secrétaire du directeur du théâtre impérial de Saint-Pétersbourg.
Il est décoré de la Légion d'honneur en 1803.
Il se rend ensuite en Italie où il passe plusieurs années. De retour à Paris, il reparaît au Salon de 1810 avec trois tableaux : L'Aurore enlevant Céphale — composition froidement accueillie —, Andromaque et Pyrrhus et Bonaparte pardonnant aux révoltés du Caire, toile qui donne lieu à de vives critiques. Cette même année, Guérin ouvre à Paris un atelier bientôt très fréquenté, d'où sont sortis les peintres romantiques les plus notables : Théodore Géricault, Ary Scheffer et son frère Henry Scheffer, Léon Cogniet, Victor Orsel, Paul Huet ou encore Eugène Delacroix. Il n'est pas marié et n'a pas d'enfant et se consacre donc à son atelier et ses élèves dont il est très proche.
Parmi les œuvres représentatives que Guérin produisit ensuite, Clytemnestre et Didon et Énée, dont le sujet fut très vif au Salon de 1817. Professeur à l'École des beaux-arts de Paris, il est institué officiellement le 27 novembre 1816, en remplacement de Claude Dejoux mort la même année. Il sera lui-même remplacé en 1833 par Paul Delaroche. Membre de l'Institut en 1815 (fauteuil 9), il accepte, en 1822, la direction de l'Académie de France à Rome, qu'il garde jusqu'en 1828.
Il meurt le 6 juillet 1833 à Rome.
UN PEU D'HISTOIRE
Pierre-Simon de Laplace ou Pierre-Simon Laplace, comte Laplace, puis 1er marquis de Laplace, né le 23 mars 1749 à Beaumont-en-Auge et mort le 5 mars 1827 à Paris, est un mathématicien, astronome, physicien et homme politique français.
Laplace est l'un des principaux scientifiques de la période napoléonienne. Il a apporté des contributions fondamentales dans différents champs des mathématiques, de l'astronomie et de la théorie des probabilités. Il a été l'un des scientifiques les plus influents de son temps, notamment par son affirmation du déterminisme. Il a contribué de façon décisive à l'émergence de l'astronomie mathématique, reprenant et étendant le travail de ses prédécesseurs dans son Traité de Mécanique céleste (1799-1825). Cet ouvrage majeur, en cinq volumes, a transformé l'approche géométrique de la mécanique développée par Newton en une approche fondée sur l'analyse mathématique.
En 1799, il est nommé ministre de l'Intérieur sous le Consulat. Napoléon Ier lui confère le titre de comte de l'Empire en 1808. En 1817 il est fait marquis par Louis XVIII, après la restauration des Bourbons.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Beethoven : Ouverture d'"Egmont"
sous la direction de Daniele Gatti
https://youtu.be/IO7Ov_WFUao
Lamoral, comte d'Egmont, prince de Gavre, né le 18 novembre 1522 à Lahamaide en Hainaut et mort décapité le 5 juin 1568 à Bruxelles, est un général et un homme d’État belge des Pays-Bas des Habsbourg sous le règne de Charles Quint et de Philippe II.
Vainqueur des Français aux batailles de Saint-Quentin et de Gravelines (1557-1558), il devient gouverneur de la Flandre et de l'Artois et membre du conseil d'État des Pays-Bas.
Quelques années après, il est victime des événements de 1566-1567 (révolte des Gueux et crise iconoclaste). Arrêté sur l'ordre du duc d'Albe, ainsi que le comte de Hornes, il est jugé et condamné à mort. L'exécution des deux hommes en juin 1568 sur la Grand-Place de Bruxelles est un événement clef dans le déclenchement du soulèvement des Pays-Bas contre Philippe II, qui allait aboutir à l'indépendance des Provinces-Unies.
Beethoven a écrit à Goethe en avril 1811 :
« [Votre] magnifique Egmont, que j'ai repensé à travers vous, profondément éprouvé et mis en musique, ayant pris feu à son sujet aussitôt que je l'ai lu !... »
La mise en musique date donc de la lecture de l'œuvre par Beethoven, probablement en 1809, car le musicien avait écrit le 8 août à ses éditeurs son intention. Elle résulte certainement de cette avidité passionnée de liberté qui domine Beethoven à cette époque largement consacrée à Goethe. Il y a en particulier composé les opus 75 (six Lieder) et 83 (trois Lieder) sur des poèmes de Goethe.
Après avoir lu la partition vers 1812, Ernst Theodor Amadeus Hoffmann avait consacré un long article à cette musique de scène dans lequel il explique que Beethoven était entre les musiciens, le seul capable de saisir l'essence profonde de cette œuvre, qu'il a voulu se subordonner très étroitement au drame qu'il a vu au travers de ses propres idées.
L'importance de la liberté qui se retrouve dans cette partition a été interprétée comme une projection de Beethoven dans le personnage d'Egmont, à cause de l'enfermement social dû à sa surdité et à son absence de vie conjugale. Mais l'œuvre est d'abord un hommage au comte d'Egmont alors que le peuple néerlandais des années 1560 était en proie à la tyrannie du pouvoir espagnol. De plus, Beethoven a bien senti monter la volonté politique des puissants de la fin de la première décennie du XIXe siècle d'instaurer un ordre centralisé. L'Autriche avait déclaré la guerre à la France le 9 avril 1809 et les troupes de Napoléon avaient assiégé puis pris la ville de Vienne. Autant de raisons pour que Beethoven chérisse ardemment la liberté.