LES DRAGONNADES EN FRANCE (1685-1759)
« Les troupes furent envoyées dans toutes les villes où il y avait le plus de protestants ; et comme les dragons, assez mal disciplinés dans ce temps-là, furent ceux qui commirent le plus d’excès, on appela cette exécution la « dragonnade ».
VOLTAIRE (1694-1778), Le Siècle de Louis XIV (1751)
Des vexations, le gouvernement monarchique passe à la persécution en 1679 : exclusion des huguenots des offices et de la plupart des professions libérales, suppression des chambres mi-parties (tribunaux moitié catholiques-moitié protestants), conversion des enfants protestants autorisée dès l'âge de sept ans, dragonnades.
DE 1685 À 1715 LA DÉVOTION
DE LA FIN DE RÈGNE DE LOUIS XIV
Des listes d'abjurations par milliers arrivent alors à Versailles. Fort de la conversion de « la plus grande partie des sujets protestants », Louis XIV révoque l'édit de Nantes par l'édit de Fontainebleau (18 octobre 1685) qui rétablit l'unité religieuse du royaume, ciment de l'unité politique.
Cet édit, rédigé par le chancelier Michel Le Tellier, interdit le culte protestant, ordonne la démolition des temples, la fermeture des écoles réformées, l'obligation du baptême et du mariage catholique, l'expulsion des pasteurs qui refuseront de se convertir ; en revanche, il interdit aux laïcs protestants d'émigrer sous peine des galères.
DE 1685 À 1759, LE TEMPS
DES HAINES ET DES PERSÉCUTIONS
Applicable à tout le royaume – sauf à l'Alsace, où l'édit de Nantes n'avait jamais été appliqué –, la révocation est accueillie avec enthousiasme par l'opinion catholique.
Malgré l'interdiction royale, entre 200 000 et 300 000 réformés, appartenant surtout aux professions libérales et aux métiers du négoce et de l'artisanat, s'enfuient vers les pays de refuge de l'Europe protestante, dont ils enrichiront le potentiel économique et intellectuel. Les grands négociants et les financiers, toutefois, n'émigrent pas et poursuivent sans dommages leurs activités dans le royaume.
Les Provinces-Unies accueillent le plus gros contingent de réformés (environ 70 000), suivies de l'Angleterre (50 000), du Brandebourg (25 000) et de la Suisse (22 000). Cet exode s'accompagne en Europe d'une véhémente critique contre la tyrannie louisquatorzienne, alimentée par les écrits des réfugiés, qui favorisent la formation de la deuxième coalition européenne contre la France (1679-1688).
Quant aux protestants restés dans le royaume, ils résistent à la pression exercée sur eux. Nombre de « nouveaux convertis » adoptent une « façade » catholique, tout en restant calvinistes de cœur. De 1702 à 1705, les camisards défendent les assemblées du Désert contre les armées royales. Après 1760, le Désert bénéficiera d'une relative tolérance. Sous la pression de l'opinion libérale et philosophique, Louis XVI redonne une existence légale aux protestants par l'édit du 17 novembre 1787, qui leur accorde l'état civil.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Idoménée est un opéra créé par André Campra sur un livret d'Antoine Danchet. L'opéra fut représenté la première fois à Paris, le 12 janvier 1712. Plus tard, Mozart s'en inspira fortement pour créer son propre opéra, Idomeneo, re di Creta.
"Idoménée, Act IV, scena I: Air d'Ilione "Espoir des malheureux"" CAMPRA
https://youtu.be/KgTvozhNcR4
André Campra (Aix-en-Provence, 3 décembre 1660 - Versailles, 29 juin 1744, est un compositeur français. Chronologiquement situé entre Jean-Baptiste Lully et Jean-Philippe Rameau, il a participé au renouveau de l'opéra français.
Il reçoit sa formation musicale et religieuse à la cathédrale Saint-Sauveur à Aix-en-Provence et devient prêtre en 1678. De 1694 à 1700, il est maître de musique de Notre-Dame de Paris, après l'avoir été successivement à Toulon, à Arles et à Toulouse. Il s'exerça d'abord dans la musique sacrée et se fit une réputation par ses motets.
Il commence en 1697 à se tourner vers le théâtre et se voit du coup obligé de renoncer à ses charges d'alors. Il est engagé par le prince de Conti en tant que maître de musique et atteint, en 1730, la fonction de directeur de l'Opéra, après être passé par le poste de maître de la chapelle royale.
Avec L'Europe galante, il s'affirme comme le vrai créateur de la opéra-ballet, genre musical créé à l'origine par Pascal Collasse (dans le Ballet des saisons). Il travaille à l'Académie royale de musique et à la chapelle royale de Versailles après la mort de Louis XIV.
À partir de 1720, il retourne au religieux en y consacrant l'essentiel de son ouvre. André Campra meurt à Versailles le 29 juin 1744, âgé de 84 ans.