L'AFFAIRE
DU COLLIER DE LA REINE
(1784-1785)
Louis-René-Édouard de ROHAN-GUÉMÉNÉE
CARDINAL DE ROHAN
Né à Paris, le 25 septembre 1734.
Petit-neveu et coadjuteur du cardinal Louis-Constantin de Rohan, ambassadeur à Vienne en 1772, il scandalisa par son luxe et ses légèretés l’impératrice Marie-Thérèse qui demanda son rappel en 1774 ; à son retour en France, il fut nommé grand aumônier, évêque de Strasbourg en 1779 et cardinal. Compromis dans l'affaire du Collier, il fut mis à la Bastille, puis, absous par le parlement, il fut exilé à l'abbaye de la Chaise-Dieu, en Auvergne. Député aux Etats généraux, il fit partie de l'Assemblée Constituante et émigra de bonne heure dans la partie transrhénane de son diocèse où il leva des troupes pour l'armée de Condé.
Le prince de Rohan avait été admis à l'Académie française le 27 avril 1761 en remplacement de l'abbé Joseph Séguy et reçu par le duc de Nivernais le 11 juin 1761. Il était âgé de 27 ans. C'était un prélat philosophe, ami de Buffon et de d'Alembert, fréquentant le salon de Mme Geoffrin ; il reçut Thomas à l'Académie. Il a fait des poésies, et fut proviseur de la Sorbonne.
Mort le 17 février 1803.
L'AFFAIRE DU COLLIER DE LA REINE (1784-1785)
Grand aumônier de France, le cardinal de Rohan est en disgrâce auprès de la reine depuis son retour de Vienne comme ambassadeur. Sur les conseils de sa mère, Marie-Thérèse d'Autriche, Marie-Antoinette l'écarte de son cercle pour ses mœurs licencieuses. Soucieux de regagner sa confiance, le cardinal est prêt à tout. Dans son entourage, une pseudo-comtesse de La Motte, véritable descendante d’un fils naturel d’Henri II de Valois, mais escroc avant tout, se prétend amie de la souveraine. Elle promet au cardinal son retour en grâce. Elle organise pour cela, le 11 août 1784, une rencontre nocturne dans le bosquet de la Reine. La prétendue Marie-Antoinette réconforte le cardinal sur sa situation. Rohan est aux anges !
Depuis plusieurs années, les joailliers de la Couronne, Böhmer et Bassenge, cherchent à vendre un somptueux collier de près de 650 diamants, pesant 2 800 carats. Ils l’ont proposé à Louis XVI en 1782, mais la reine l’a refusé. Son prix est en effet astronomique malgré une baisse à 1,6 million de livres ! Mme de La Motte en parle au cardinal, lequel accepte de servir de prête-nom pour la souveraine, moyennant un échelonnement du paiement en quatre versements sur deux ans. Les bijoutiers sont ravis de trouver enfin acquéreur. Ils remettent le collier au cardinal le 1er février 1785, lequel le donne à Mme de La Motte, qui disparaît avec ses complices.
Böhmer remet le 12 juillet à la reine une lettre faisant allusion au collier. Lettre qu’elle ne prend pas au sérieux et qu’elle détruit. Devant son mutisme, le joaillier revient à la charge en août. Il s’étonne auprès de Mme Campan, sa femme de chambre, de ne pas avoir reçu le paiement total du bijou. Apprenant de celle-ci ce que veulent les joailliers, Marie-Antoinette exige des éclaircissements. L’affaire est découverte. Le 15 août, avant de célébrer l’office dans la chapelle royale, Rohan est convoqué par le roi. Au sortir de son cabinet, il est arrêté dans la galerie des Glaces au milieu des courtisans médusés. Le scandale éclate !
Le cardinal est jugé devant le Parlement de Paris en mai 1786. Contre toute attente, il est blanchi. Mme de La Motte et ses complices sont arrêtés et jugés. Elle sera marquée au fer rouge du V de voleuse. Quoiqu’innocente, la reine fait finalement figure de coupable. Le scandale, c’est elle ! Elle a voulu la perte du cardinal qu’elle déteste. Son impopularité est à son comble.
MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
W. A. Mozart - Requiem K626 - Kyrie
Voici ce qu’écrit Mozart à son père Léopold, quatre ans avant d’écrire le Requiem : « Comme la mort [...] est l’ultime étape de notre vie, je me suis familiarisé depuis quelques années avec ce meilleur et véritable ami de l’homme, de sorte que son image non seulement n’a pour moi rien d’effrayant mais est plutôt quelque chose de rassurant et de consolateur. »
Son Requiem n'édifie pas les foules et ne met pas en scène sa propre mort. Il ouvre infiniment, simplement, une fenêtre d'où une lumière de consolation peut nous parvenir. Seul le Lacrimosa et le Recordare le poussent vraiment en lui-même et Mozart parle peu de lui dans cette musique si expressive pourtant