"La peinture est une poésie qui se voit au lieu de se sentir et la poésie est une peinture qui se sent au lieu de se voir." Léonard De Vinci
UNE IDÉE DE PEINTURE
Guillaune Voiriot (1713-1799). Portrait de Jean-Marc Nattier (v. 1759)
Huile sur toile, 130,5 × 97,5 cm
Musée du Louvre, Paris
Portraitiste, d'ancienne origine lorraine (Wœiriot), Guillaume Voiriot se rend sur ses propres deniers en Italie de 1746 à 1749. De retour en France, il fait d'abord partie de l'Académie de Saint-Luc, puis en 1759 est reçu à l'Académie royale de peinture et de sculpture avec deux portraits des peintres Jean-Baptiste Marie Pierre et Jean-Marc Nattier.
De 1759 à 1771, il expose avec régularité aux Salons des portraits de ses contemporains. Après 1771, sa participation est moins fréquente. Il se consacre alors à des tâches administratives tout en continuant à peindre parents, scientifiques, hommes de lettres, acteurs et musiciens.
UN PEU D'HISTOIRE
Fils de portraitiste et élève de Rigaud, Nattier débute dans la carrière de peintre d'histoire sous l'influence de Charles Le Brun et sous la tutelle de son parrain, Jean Jouvenet. Lors d'un séjour en Hollande, il est pressenti pour travailler pour le tsar Pierre le Grand.
En 1718, il est reçu à l'Académie. Son style est alors celui de la grande tradition française. Il utilise les ressources du cadre architectural et de l'expression grandiloquente des personnages ; son chromatisme est franc. Mais Nattier ne connaît pas le succès ; sa ruine au moment de la banqueroute de Law l'oblige à se tourner vers le genre plus lucratif du portrait.
En 1728, il peint sur commande le maréchal de Saxe et connaît dès lors une certaine faveur. C'est, à plus de quarante ans, le début d'une nouvelle carrière qui s'affirme avec le Portrait de Mlle de Clermont prenant les eaux (1729). Par le choix du propos comme par les moyens picturaux, il instaure une nouvelle façon de présenter le portrait, dans lequel la haute société du milieu du xviiie siècle veut se reconnaître, qui a eu la faveur des grands amateurs du xixe siècle.
Élégance de la pose, fraîcheur et clarté du coloris, fantaisie du rendu des accessoires s'ajoutent à l'expression sereine et joyeuse des visages féminins. Des œuvres superficielles, mais agréables à l'œil. Le type du portrait mythologique (employé par Jean Raoux, déjà, mais pour des comédiennes) est désormais adopté par les dames de l'aristocratie et Nattier connaît pendant une douzaine d'années le succès parisien. Plus tard, reçu à la cour, il devient le portraitiste de la famille royale.
La fameuse série des portraits des filles de Louis XV participe d'un effort de recréation du portrait par l'intégration d'une image d'actualité au monde poétique de l'Olympe. Nattier rejoint ainsi les chemins de la peinture d'histoire, spéculative et synthétique : l'univers recréé dans les portraits (tel celui de Madame Henriette en Flore) rejoint les nobles données de l'allégorie. Victime de sa facilité et de sa tendance à la répétition — « tous ses portraits se ressemblent, on croit voir la même figure » s'écrie Diderot excédé —, Nattier est trop souvent jugé sur le genre et non sur la qualité réelle de sa peinture, la liberté tranquille de sa touche et l'harmonie impeccable de son coloris.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Rameau - Le Rappel des Oiseaux
Wilhelm Kempff pianiste et compositeur allemand (1895 à Jüterbog – 1991 à Positano en Italie)
Considéré comme l’un des plus grands pianistes du XXème siècle, Wilhelm Kempff a mené une carrière prestigieuse sur plus de soixante ans. Ses enregistrements de Beethoven et Schubert restent des piliers de la discographie.
Privilégiant une approche spontanée et poétique de la musique, Wilhelm Kempff s’est consacré au grand répertoire classique : Bach, Mozart, Beethoven (dont il a enregistré deux intégrales des Sonates pour piano ), Brahms, Schubert (dont il a réalisé une des premières anthologies des Sonates pour piano ), et Schumann.
Il a, en outre, beaucoup pratiqué la musique de chambre avec des solistes comme Yehudi Menuhin et Pierre Fournier, et a mené de front une carrière d’enseignant. Directeur de la Musikhochschule de Stuttgart, de 1924 à 1929, il donne des master classes d’été à Postdam avec Edwin Fischer et Walter Gieseking au cours des années 1930, puis fonde, en 1957, la Fondazione Orfeo (aujourd'hui « Kempff Kulturstiftung ») à Positano. Parmi ses élèves, on peut citer Jörg Demus, Mitsuko Uchida ou encore Idil Biret. Compositeur, il laisse des transcriptions d’œuvres de JS Bach, quatre opéras, deux symphonies, deux concertos et de la musique pour piano.