Marie-Thérèse-Charlotte de France, duchesse d'Angoulême (1778-1851) dite Madame Royale
Marie-Thérèse-Charlotte de France, fille de Louis XVI, emprisonnée au Temple depuis 1792, devient, après la mort de son frère Louis XVII le 8 juin 1795, un objet de compassion. De nombreux articles, des brochures demandent à la Convention nationale sa libération, entraînant un véritable mouvement de l’opinion publique en faveur de la princesse.
UNE IDÉE DE PEINTURE
Antoine-Jean Gros (16 mars 1771 - 25 juin 1835)
Marie-Thérèse-Charlotte de France, duchesse d'Angoulême (1778-1851) dite Madame Royale
Elève de David, Gros, échoue au Prix de Rome en 1792, mais veut néanmoins partir pour l’Italie et obtient son passeport en 1793, grâce à son maître. Installé à Florence, puis à Gênes, il vit de commandes de portraits, avant sa rencontre décisive, en novembre 1796, avec Joséphine Bonaparte, l’épouse du général, en route pour Milan, qui lui ouvre une brillante carrière de portraitiste et de peintre d’histoire au service de Bonaparte et de son entourage.
Quelques années plus tard, Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa, destiné à faire taire les rumeurs d’abandon des malades en Syrie par le conquérant, connaît un immense succès, que Gros ne parvient pas à renouveler, malgré sa Bataille d’Eylau (1808), qui reste son autre œuvre maîtresse, issue du concours organisé pour fêter cette demi-victoire de l’Empereur.
Sous l’Empire, l’artiste se partage entre peintures d’histoire et portraits et connaît un grand succès. Mais après la chute du régime, toujours à la recherche d’un nouveau chef-d’œuvre, et en proie à une dépression chronique, il ne parvient pas à devenir le nouveau maître de l’école française, que l’on attend pour remplacer son maître David, exilé. En plein mouvement romantique, auquel il avait autrefois donné la première impulsion, il se replie dans un néo-classicisme exacerbé, avant de se donner la mort en 1835.
UN PEU D'HISTOIRE MODERNE
Madame Royale (1778-1851), ou « Mousseline » comme l’appelle sa mère Marie-Antoinette, est baptisée le jour de sa naissance en 1778, dans la chapelle du château de Versailles. Quinze ans plus tard, en 1793, ses parents sont guillotinés par les révolutionnaires. Marie-Thérèse Charlotte n’est pas exécutée, mais emprisonnée. Depuis sa geôle, elle apprend la mort de sa tante, Madame Élisabeth, sœur du roi, ainsi que celle de son frère Louis. En 1795, l’armée autrichienne obtient sa libération. La princesse orpheline vit désormais à Vienne, à la Cour de l’empereur François II.
En 1799, elle épouse en Lettonie son cousin Louis Antoine d’Artois, fils du futur Charles X, et devient ainsi duchesse d’Angoulême. Son retour en France est enfin possible, en 1814, avec le rétablissement de la monarchie. Louis XVIII, frère de Louis XVI, gouverne. À sa mort, en 1824, lui succède son autre frère, Charles X. Louis Antoine d’Artois est alors déclaré dauphin, et Madame Royale devient de fait dauphine de France, après de longues années d’exil.
Ce répit est de courte durée. La Révolution de 1830 inaugure la Monarchie de Juillet. C’est désormais la branche orléaniste qui est au pouvoir avec le roi Louis-Philippe. La duchesse d’Angoulême, légitimiste, s’exile à nouveau hors des frontières du royaume. À la mort de Charles X en 1836, elle devient « reine de France et de Navarre » pour le clan des légitimistes qui contestent le pouvoir de Louis-Philippe.
En 1851, la duchesse d’Angoulême meurt près de Vienne : c'est deux mois avant le coup d’État du président de la Seconde République, Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, alors qu'elle avait défendu la monarchie avec tant d'ardeur contre Napoléon Bonaparte.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
François-Joseph Fétis (1784-1871) est un compositeur, critique musical et musicographe belge.
Requiem d’expiation de la mort de Louis XVI (1815)
https://youtu.be/jMVj0rRxAOk
Il occupe ensuite des fonctions d’enseignement dans le nord de la France, en particulier à Douai, avant d’obtenir en 1821 un poste au Conservatoire de Paris, pour enseigner l’harmonie et la composition, en cette période Juan Crisóstomo de Arriaga fut son élève.
À partir de 1826, il y est aussi bibliothécaire. Après avoir publié des articles dans diverses revues, il décide en 1827 de créer un hebdomadaire, la Revue musicale, qu’il rédige presque seul, accueillant toutefois les contributions occasionnelles de différents auteurs.
En 1832, il regagne la Belgique, appelé par le roi à diriger le nouveau Conservatoire royal de Bruxelles. Devant la lourdeur de ses tâches, il effectue en 1834 un rapprochement avec la Gazette musicale de Paris pour former la Revue et gazette musicale de Paris sous la direction de Maurice Schlesinger.
Quoique importante (quatre opéras, trois symphonies, pièces pour piano et musique de chambre), son œuvre de compositeur est peu intéressante. Son œuvre théorique est d'une autre valeur. Outre quantité de petits ouvrages pédagogiques (solfèges, méthodes de chant, de piano, de composition), son Traité complet de la théorie et de la pratique de l'harmonie (1844), faisant suite au Traité du contrepoint et de la fugue (1824), est d'une grande importance.