PHILIPPE V D'ESPAGNE
PHILIPPE V D'ESPAGNE
« S’il faut faire la guerre, j’aime mieux la faire à mes ennemis qu’à mes enfants. »
LOUIS XIV (1638-1715)
Les alliés, Hollande en tête, exigent cette fois que Philippe V renonce au trône d’Espagne et, en cas de refus, que Louis XIV le fasse détrôner par ses armées. Le roi de France rend public l’outrage.
Un sursaut national permet un redressement franco-espagnol. Encore quelques années d’une succession de défaites et de victoires (signées Villars). Tous les pays sont épuisés, le pacifisme gagne du terrain en Angleterre, et l’issue de cette guerre ne peut être que diplomatique.
Les traités d’Utrecht (1713) et de Radstadt (1714) créent un nouvel équilibre européen. La France retrouve ses limites de la paix de Nimègue (1679) et sauve ses frontières stratégiques. Philippe V garde son royaume, mais renonce aux Pays-Bas, à ses possessions italiennes, et à ses droits à la succession au trône de France. L’Angleterre gagne Gibraltar et Minorque (sur l’Espagne), Terre-Neuve, l’Acadie et la Baie d’Hudson (sur la France), et de gros avantages commerciaux. Elle accède au rang de grande puissance.
UNE IDÉE DE PEINTURE
Portrait de Philippe V d'Espagne
par Jean Ranc (1674-1735)
(Madrid, musée du Prado)
Élève de son père, Antoine Ranc, et de Hyacinthe Rigaud, dont il épousa la nièce, il fut reçu à l'Académie en 1703 avec les portraits de Plattemontagne et de Verdier (Versailles), qui sont avec le Lamoignon de Basville (musée de Montpellier) et la belle allégorie de Vertumne et Pomone (id.) ses seules œuvres notables conservées en France. En 1723, sans doute sur la recommandation de Rigaud, il fut engagé comme peintre de Philippe V, à défaut des portraitistes en vogue Rigaud, Largillière ou de Troy, que le roi d'Espagne avait demandés au cardinal Dubois. Sa carrière madrilène se déroula sans grand éclat ; elle ne fut coupée que par un séjour à Séville avec la Cour et une mission au Portugal pour y faire le portrait des souverains, beaux-parents du futur Ferdinand VI ; elle devait s'achever sur un épisode pénible : c'est dans le logement de Ranc au palais, tandis qu'il réveillonnait avec des amis la nuit de Noël 1734, que débuta le terrible incendie qui devait détruire le vieil Alcazar avec une grande partie de ses précieuses peintures. Revenu à Madrid, Ranc y mourut quelques mois plus tard.
Son œuvre, dont le Prado conserve de bons exemples, est celle d'un portraitiste habile et minutieux, mais sans personnalité. Le seul portrait conservé, celui de Philippe V à cheval couronné par la Victoire (Prado), s'inspire de compositions semblables de Rubens. Celui de la Famille de Philippe V, resté inachevé et disparu, n'est connu que par une version de petit format (Prado) qui est sans doute l'œuvre la plus agréable du peintre. D'autres portraits individuels, toujours en costumes d'apparat, fixent l'image des souverains, des infants et de leurs épouses : Philippe V et Isabelle Farnèse, la jeune Reine Louise-Isabelle d'Orléans, veuve de Louis Ier ; Ferdinand VI enfant ; Charles III enfant ; Ferdinand VI en prince des Asturies, sa femme Barbe de Bragance (tous au Prado).
DESCRIPTION DE L'OEUVRE
Il s'agit d'un portrait officiel de Felipe V, le premier roi Bourbon d'Espagne. Petit-fils de Louis XIV de France, il naquit à Versailles - le 19 décembre 1683 - et fut proclamé roi d'Espagne en 1700. Marié deux fois, il eut de nombreux enfants et mourut à Madrid en 1746.
Le souverain est représenté ici en 1723, à la veille d'abdiquer en faveur de son fils Louis, après la défaite de Capo Passero en 1718 et les traités ultérieurs, avec lesquels il a perdu ses ambitions de domination sur la Sicile et la Sardaigne. La mort de variole de son fils, nouvellement nommé souverain, le fit revenir sur le trône. Le roi porte une armure et porte un bâton de souverain. Le casque d'un guerrier repose sur une pierre devant lui.
Avec la somptueuse redingote brodée et la ceinture rouge à la taille, qui indiquent sa condition royale, il porte les insignes de la Toison d'or et la ceinture du Saint Esprit, symboles de sa domination espagnole en tant qu'héritier de la Maison de Bourgogne, et de ses origines françaises. Cette composition - peinte par Jean Ranc - devint le modèle des portraits officiels du Roi et fut reprise à d'innombrables reprises par divers artistes avec peu de variations.
Il se distingue par son élégance, son raffinement et sa distinction, caractéristiques directement liées à la peinture française de cette époque, en particulier la production de Hyacinthe Rigaud, qui fut le professeur de Ranc et le peintre de chambre de Louis XIV et Louis XV de France.
Ce tableau est le compagnon du portrait de l'épouse du roi, Isabel de Farnesio, qui se trouve également à Madrid, dans la collection du musée du Prado. Les deux œuvres ont été sauvées de l'incendie de 1734 du palais de l'Alcazar de Madrid et ont été transférées au palais du Buen Retiro.
MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Massenet : Nuit d’Espagne (Jaroussky / La Marca / Ducros)
https://youtu.be/bOGTc2U0V2w
Jules Massenet est un compositeur français de la deuxième moitié du XIXème siècle, auteur notamment des opéras "Werther", "Manon", ou encore "Thaïs".
Il acquiert une grande popularité pour ses opéras (au nombre de 25), mais s’illustre aussi dans la musique orchestrale (suites symphoniques, ballets, musique de scène), pour piano, et pour voix (cantates, drames sacrés). Ses mélodies, nombreuses, firent beaucoup pour divulguer sa notoriété dans les salons parisiens de l’époque. Il a une influence sur plusieurs de ses contemporains, comme Leoncavallo, Pucci ni ou encore Debussy.
Massenet est initié au piano par sa mère, puis intègre très jeune le Conservatoire de Paris. Son professeur de composition, Ambroise Thomas, devient par la suite son protecteur et accélère sa carrière. La progression de Massenet est rapide : après avoir obtenu deux premiers prix (piano et fugue), il remporte en 1863 le prestigieux Grand Prix de Rome avec sa cantate David Rizzio, puis séjourne à la villa Médicis où il a l’occasion de composer de nombreuses œuvres (Suite pour orchestre, Requiem).
En 1867, il crée un premier opéra à Paris, La Grand’ Tante, puis connaît le succès avec la suite symphonique Pompéïa, l’oratorio Marie-Madeleine, et deux opéras (Don César de Bahan et Le roi de Lahore ), ce qui lui vaudra d’être nommé professeur de composition au Conservatoire de Paris deux ans plus tard, fonction qu’il occupe jusqu’en 1896. On compte parmi ses élèves Reynaldo Hayn, Charles Koechlin, Gabriel Pierné, Florent Schmitt.
Les opéras les plus appréciés de Massenet voient le jour dans la décennie 1880 : Manon, Hérodiade, Le Cid, Le Jongleur de Notre-Dame, Werther. Au début du XXème siècle, ce sont les opéras Thaïs (créé en 1894) et Don Quichotte qui enthousiasment le public.
Le style très français de Massenet le rapproche de Charles Gounod, avec qui il a en commun un goût prononcé pour les sujets religieux et un sens naturel de la mélodie. Ces deux compositeurs ont une importance décisive pour l’évolution et le rayonnement de l’opéra français.