Portrait de Marie-Antoinette de Bavière (1752) par Anton Mengs (1728-1779)
"La musique est une révélation plus haute
que toute sagesse et toute philosophie."
Ludwig Van Beethoven
UNE IDÉE DE PEINTURE
Portrait de Marie-Antoinette de Bavière
peint en 1752 par Anton Raphael Mengs (1728-1779)
À son époque, Anton Mengs passe pour le plus grand peintre d'Europe. Il semble catalyser les aspirations des premiers néo-classiques qui, à la suite de Winckelmann, prônent le retour à la « manière simple et noble du bel antique », au beau idéal, à la pureté de la statuaire grecque et au dessin de Raphaël.
Un le tient généralement pour le véritable réformateur de la peinture corrompue par le goût baroquisant et rococo. Né en Bohême, c'est en 1741 qu'il se rend pour la première fois à Rome, où il entre dans l'atelier de Marco Benefial. Puis il exerce son activité pendant deux ans à Dresde, où il est au service d'Auguste III.
De retour à Rome, il noue une amitié, riche de conséquences pour son art, avec Winckelmann. Ses grandes décorations à l'église Sant'Eusebio, à la villa Albani (Le Parnasse, terminé en 1761), traduisent en termes figuratifs les idées du théoricien allemand ; aussi lui valent-elles bientôt une renommée internationale. Charles III d'Espagne lui offre de décorer le palais royal de Madrid.
En 1771, Mengs est élu prince de l'Académie de Saint-Luc, institution qui désire marquer ainsi sa volonté de rupture avec la tradition baroquisante. En 1772, Mengs est occupé à décorer la salle des Papyrus à la Bibliothèque vaticane, et, en 1773, il travaille pour la cour d'Espagne. C'est au cours de ce second séjour dans ce pays qu'en 1774, à la suggestion de Francisco Bayeu, il appelle à Madrid le jeune Goya qu'il charge d'exécuter des cartons de tapisseries.
UN PEU D'HISTOIRE MODERNE
Portrait de Marie-Antoinette de Bavière
peint en 1752 par Anton Raphael Mengs
Marie-Antoinette de Bavière (1724-1780), était une princesse de Bavière, mais aussi une compositrice, chanteuse, joueuse de clavecin et mécène, connue notamment pour ses opéras Il trionfo della fedeltà (Dresde, été 1754) et Talestri, regina delle amazoni (1760). Elle fut régente de Saxe de 1763 à 1768.
Éducation et composition musicales
Quand elle vivait à Munich, Marie-Antoinette de Bavière étudia la musique avec les compositeurs Giovanni Battista Ferrandini et Giovanni Porta. À Dresde, elle poursuivit ses études de musique avec Nicola Porpora et Johann Adolph Hasse. L'opéra joua un rôle important dans sa vie : la cour de Munich célébra sa naissance avec une représentation de l'opéra Amadis de Grecia de Pietro Torri, et son mariage fut également célébré avec des représentations d'opéras, dont La Spartana generosa de Hasse et Le nozze d’Ercole e d’Ebe de Christoph Willibald Gluck.
Œuvres musicales
Peu après son installation à Dresde, Marie-Antoinette de Bavière écrivit le livret d'un opéra de Hasse, La conversione di Sant’Agostina (1750), en plus de son travail de compositrice. Son style musical possède de fortes affinités avec celui de Hasse, en particulier pour les opéras. Elle se produisit également comme chanteuse et joueuse de clavecin dans des représentations de cour, et tint en particulier les premiers rôles de ses opéras. En plus de deux opéras, plusieurs arias, une pastorale, des intermezzos lui sont également attribués.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Talestri, Reine des Amazones de Marie-Antoinette de Bavière
https://youtu.be/gpLO5HgL5lM
Talestri, Reine des Amazones met en scène la guerre entre les hommes et les femmes, chez les Amazones qui ont juré la mort des hommes après avoir subi leurs vicissitudes, jusqu’à ce que l’amour s’en mêle, au coeur même de leur Reine, et que la vertu et le courage du prince scythe et de son compagnon ne les incitent à changer leurs lois…
Ce personnage de Talestri, reine rationnelle et bienveillante, pourrait ressembler beaucoup à Marie-Antoinette de Bavière. Le livret est original et audacieux car les compositrices étaient habituellement restreintes au répertoire « décent » mais niais des pastorelles, d’autant plus que c’est la compositrice elle-même qui prit la plume (et offrit son livret aussi au compositeur Ferrandini qui en tira un autre opéra).
Dans les opéras des 17e et 18e siècles sur le sujet des amazones, écrit par des hommes, ces guerrières sont toujours vues du point de vue masculin comme des ennemies à conquérir ou à abattre, qui perdent leur pouvoir en se mariant. Ici, Maria-Antonia Walpurgis, qui travailla avec son mari sur des réformes politiques, nous montre l’opéra du point de vue des femmes, surtout de Talestri, qui s’affirme comme reine et ne perd pas son pouvoir en se mariant après avoir aboli les lois extrêmes de son royaume pour parvenir à la réconciliation des deux peuples ennemis.
La musique, qui signe la bascule entre le baroque et le classique, a une vivacité et un sens dramatique remarquable, avec de nombreux récits accompagnés par l’orchestre et des airs poignants.