Louise Gabrielle Julie de Rohan (1704-1780) par Nicolas de Largillierre
« Roi ne puis, prince ne daigne, Rohan suis »,
la devise attribuée à cette grande famille bretonne est célèbre Cette maison de Rohan qui présente deux caractéristiques principales : une rapide ascension en Bretagne puis en France à partir du XVIIe siècle.
UNE IDÉE DE PEINTURE
Nicolas de Largillierre (1656-1746) est l'un des portraitistes les plus réputés des XVIIe et XVIIIe siècles.
Nicolas de Largillierre devient à partir de 1689 un des peintres les plus demandés et incarne la quintessence du peintre français réputé. Alternant les commandes officielles pour des ex-voto ou des allégories avec les portraits de la noblesse et de la haute bourgeoisie, son talent lui permet de gravir les échelons de la hiérarchie de l’Académie royale de peinture et de sculpture, où il est admis le 30 mars 1686, non seulement comme peintre de portraits, mais en qualité de peintre d’histoire, avec le portrait en pied de Le Brun (Paris, musée du Louvre) comme morceau de réception.
Il fut nommé professeur adjoint le 4 juillet 1699, et professeur le 30 juin 1705, adjoint du recteur le 24 avril 1717, recteur le 10 janvier 1722, directeur le 5 juillet 1738 et enfin chancelier le 30 mai 1743. Il a pris part aux Salons de 1699 et 1704.
De Marguerite-Élisabeth Forest, la fille d’un peintre de paysages nommé Jean Forest, peintre du roi et officier en l’Académie, qu’il avait épousée en 1699, Largillierre eut deux filles et un fils : Élisabeth-Marguerite (1701) ; Marguerite-Élisabeth (1703) et Nicolas (1701-1742), conseiller au Châtelet, qui l’avait précédé dans la mort. Le portrait de son beau-père (palais des beaux-arts de Lille) où il reconnait sa dette envers Rembrandt, Rubens, Van Dyck, est curieux.
Dans son Histoire des Peintres, Charles Blanc écrit à propos de ce tableau : « Forest était un homme original, fantasque. Son gendre se fit un plaisir de le peindre dans le bizarre costume qui lui était familier, d’autant plus qu’il devait être las d’avoir toujours devant les yeux les mêmes modèles, toujours des magistrats avec leurs perruques in-folio et des bourgeois avec leurs perruques à boudin. Il représenta donc son beau-père en cheveux courts avec une sorte de bonnet de margrave à fond de soie et une hongreline doublée de fourrure. Assis dans un fauteuil, la main, le sourcil en mouvement, l’œil mouillé, le portrait respire, il est vivant. Largillierre le fit graver à ses frais par Drevet père. »
Largillierre mourut paralytique dans le bel hôtel parisien qu’il s’était fait bâtir rue Geoffroy-l'Angevin, qu’il avait orné de paysages, de fleurs et de fruits, de plusieurs centaines de portraits et de quelques tableaux religieux. Il fut inhumé à Paris dans l’église Saint-Merri. Charles Blanc le décrit comme « plein de franchise et de gaité » et « aimé de tout le monde. »
UN PEU D'HISTOIRE MODERNE
Louise Gabrielle Julie de Rohan, née à Paris le 11 août 1704 et baptisée le 13 août suivant - morte à Chevilly le 20 août 1780, est une aristocrate française, devenue princesse de Guéméné par mariage.
Elle est la fille du duc de Rohan-Rohan et de son épouse Anne-Geneviève de Lévis, et fait donc partie de l'illustre Maison de Rohan. Son père jouissait du prédicat d'altesse. Sa mère est la fille unique de Madame de Ventadour.
Elle est la sœur de Louise-Françoise, duchesse de La Meilleraye (mariée à un petit-fils d'Hortense Mancini et ancêtre du prince Albert II de Monaco et de ses sœurs), de Jules, prince de Soubise et de Marie-Isabelle, duchesse de Tallard, gouvernante des enfants de France. Son oncle est l'archevêque de Strasbourg, le cardinal de Rohan, grand aumônier de France, commandeur du Saint-Esprit en 1713.
Louise de Rohan est fiancée à son cousin Hercule-Mériadec, prince de Guéméné, fils et héritier de Charles III, prince de Guéméné et de son épouse, née Charlotte Élisabeth de Cochefilet. Le mariage est célébré le 4 août 1718 à l'abbaye de Jouarre, dont sa sœur aînée, Charlotte-Armande, est alors abbesse.
Le 26 octobre 1737, la princesse de Guéméné présente sa fille Charlotte-Louise (1722-1786), au roi Louis XV et à la reine Marie Leszczyńska, au château de Fontainebleau. Deux jours plus tard, Charlotte Louise épouse le prince italien Masserano (francisé en prince de Masseran), ambassadeur d'Espagne à Londres. Son portrait par Jean-Marc Nattier est de cette année là. Il est conservé au Château de Versailles.
Elle meurt à Chevilly, le 20 août 1780.
Elle possédait le manoir de Launay, acquis en 1747.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Julia Lezhneva - J.A. Hasse - Siroe -
« O placido il mare lunsinghi la sponda »
("Ô mer calme le long du rivage")
https://youtu.be/H5LkVhcBjr0
Johann Adolf Hasse l’européen, a composé pour Farinelli et quelques autres castrats de l’époque. A 30 ans, il épousa la célèbre cantatrice Faustina Bordoni. Il a composé 70 opéras ou sérénades et fêtes théâtrales… Mais qui le connaît vraiment ? Allemand né à Hambourg, Hasse est allé en Italie via Naples et Venise, puis resté à Dresde, passé par Londres, Vienne. Finalement , il s’est installé à Venise, où il meurt à 84 ans, le 23 décembre 1783, nous laissant 1600 partitions…
Musicalement, Siroe est très proche d’un opéra de Haendel, à la différence près que les arias sont beaucoup plus développés. D’autres influences sont également perceptibles, témoignage du fait que Hasse a voyagé dans l’Europe entière. George Petrou insuffle à l’ensemble Armonia Atenea une dynamique extrêmement énergique, entraînante, propice à l’expression du drame ; la vigueur qui anime les musiciens rend facile l’avancement de l’œuvre, qui au vu de sa forme risquait d’être appréhendée de façon beaucoup moins colorée et serait alors apparue comme une interminable succession de numéros. L’interprétation des instrumentistes est exemplaire, c’est certain : énergie, certes, mais aussi une justesse constante (ce qui n’est pas toujours le cas sur instruments d’époque), nuances, précision, contrastes, et écoute des chanteurs.