Portrait de Zoé Victoire Talon, comtesse du Cayla, par François Gérard vers 1825.
Tandis que la dame s'est dégagée et esquivée, les domestiques transportent le président Félix Faure inconscient dans son lit. Le curé de l'église voisine de la Madeleine, appelé d'extrême urgence, demande en arrivant :
– Le président a-t-il toujours sa connaissance ?
– Non, on l'a faite sortir par derrière.
UNE IDÉE DE PEINTURE - MADAME DU CAYLA,
FAVORITE DE LOUIS XVIII
Portrait de Zoé Victoire Talon, comtesse du Cayla, par François Gérard vers 1825.
Louis XVIII réserve ses mercredis pour tenir compagnie à Mme du Cayla, dans lequel ils jouissent des soirées de jeux « poivrées » avec beaucoup de réparties spirituelles. Le 29 octobre 1822, il lui cède pour 400 000 francs le château de Saint-Ouen, ainsi que des bijoux et de la porcelaine. Lorsqu'il n'est pas en sa compagnie, il lui écrit des lettres plusieurs fois par jour.
Elle était, paraît-il, le dernier amour du roi. Peu à peu, Mme du Cayla réussit à établir un ascendant sur l'esprit de Louis XVIII, comme elle l'a sur son cœur, et l'utilise sans scrupule dans les intérêts de la partie ultra-royaliste.
« Depuis le jour, écrit le chancelier Pasquier, quand M. Decazes avait été pris de lui par la procédure qui avait blessé son cœur, son amour-propre, et son respect pour la dignité royale, le roi ne s'était pas occupé d'affaires de telle sorte qu’il ne doit pas être dit qu'il y avait renoncé. »
Alourdi sous le fardeau de ses infirmités, il avait commencé à tomber dans un état d'apathie qui le mettait à la merci de ceux qui résolument s’étaient appliqués à la tâche de le gouverner. Parfois, un scintillement de l'ancien esprit se révélait, mais il ne tardait pas à s’éteindre ; tout ce qu'il désirait maintenant, c'était la paix et la tranquillité, et Mme du Cayla ne lui en donnait aucune jusqu'à ce qu'il se soit remis à sa volonté.
L’influence de Mme du Cayla peut être trouvée dans la chute du noble et patriotique duc de Richelieu, qui avait refusé de se prêter à des plans de Monsieur [d'Artois] et ses amis ; la nomination de Villèle en tant que Premier ministre ; le licenciement ignominieux de Chateaubriand du ministère des Affaires étrangères ; et l'acceptation par le Roi du projet de loi septennale de 1824, ainsi que d'autres mesures réactionnaires.
En dépit de tout, c'est Mme du Cayla, qui persuade Louis XVIII de recevoir les derniers sacrements lors de sa dernière maladie. Rien n’a autant embarrassé et ennuyé la duchesse d'Angoulême et le comte d'Artois que, dans les derniers moments de la vie de Louis XVIII, son obstination à refuser de recevoir l'archevêque et de se soumettre aux cérémonies que l'Église catholique impose dans les derniers moments ; il refusait, comme un homme condamné refuse la visite de son bourreau.
Elle parvient à lui faire donner son consentement, et ce faisant, ferme la porte de l'appartement du roi à son encontre (de qui ?) pour le reste de ses jours. Louis, reconnaissant, fait un testament en sa faveur qu'il laisse sur son bureau, mais Charles X entré dans le cabinet de son frère, emporte tous les papiers, brûle le testament, et accorde à la comtesse une pension viagère annuelle de 25 000 francs.
Après la mort de son amant, Mme du Cayla se retire dans son château de Saint-Ouen où elle s’occupe d’exploitations agricoles et élève une race de moutons qui porte encore son nom ; elle y termine ses jours en 1852. Alors que certains ont vu en elle une intrigante, d'autres l'ont considérée comme le dernier véhicule de la grâce pour Louis XVIII.
UNE IDÉE DE LECTURE "LE POUVOIR DES FEMMES" DANS L'HISTOIRE
Benedetta Craveri (Auteur) Eliane Deschamps-Pria (Traduction) Le pouvoir des femmes Paru en avril 2009
À la Renaissance, une profonde mutation s'opère au sein de la société française et fait prévaloir une nouvelle conception de la famille, considérée désormais comme le fondement de l'État. Privées de statut juridique propre et de liberté, les femmes doivent alors se soumettre à l'autorité de l'homme - comme la noblesse doit se soumettre à l'autorité du roi.
Si elles veulent assumer une charge ou disposer d'un bien, ces femmes, qu'elles soient fille, épouse ou veuve, se voient contraintes de demander l'autorisation d'un parent mâle. Au cours des siècles suivants, cette situation évolue peu. Cependant, des femmes parviennent à s'imposer dans cette société d'hommes, et à faire de leur condition d'infériorité un atout.
Fortes de leurs ambitions, de leur intelligence et de leur beauté, c'est souvent en profitant de la faiblesse masculine, qu'elles se glissent dans les rouages, sans être broyées. Si elles ne peuvent assumer le pouvoir en leur nom, leurs destinées sont parfois spectaculaires.
De Diane de Poitiers à Marie-Antoinette, en passant par Catherine de Médicis, la reine Margot, Gabrielle d'Estrées, Madame de Maintenon ou la marquise de Pompadour, la liste des femmes exceptionnelles sous l'Ancien Régime est longue, et Benedetta Craveri raconte ici avec brio l'histoire de ces reines et favorites qui ont su prendre leur place dans l'Histoire.
UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Marc-Antoine Charpentier - Intermèdes nouveaux
du Mariage forcé (1672)
https://youtu.be/OzzCmScrDLI
Marc-Antoine Charpentier Compositeur français (Paris, 1643 – 1704) Compositeur de divertissements, d’airs de cour, de cantates et de pièces instrumentales, c’est cependant à son œuvre religieuse - messes, antiennes, hymnes et motets - qu’il doit d’être considéré comme l’un des plus grands maîtres de la musique française du XVIIe siècle.
Élève de Carissimi à Rome, il revient composer en France et obtient une large audience dans les milieux italianisants. Il compose de nombreuses pièces pour des auteurs dramatiques tels Corneille ou Molière qui le prend comme musicien après une brouille avec Lully en 1671.
Marc-Antoine Charpentier est avant tout un grand novateur dans l'art de la modulation et de la dissonance. Il fixe la forme de l'oratorio moderne et introduit la cantate en France. Il abandonne la monodie pour la polyphonie accompagnée et innove aussi dans l'instrumentation en rompant avec les "familles" de sonorités. Grand pédagogue enfin, Charpentier fixe dans son traité «Règles de la composition» l'essentiel de ce qu'un compositeur doit savoir des règles de l'harmonie.