"Le temps est très lent pour ceux qui attendent, très rapide pour ceux qui ont peur, très long pour ceux qui se lamentent, très court pour ceux qui festoient. Mais, pour ceux qui aiment, le temps est éternité." 
William SHAKESPEARE




UNE IDÉE DE PEINTURE

Autoportrait au manteau rouge, vers 1760, de George Romney. Un peu plus jeune que Reynolds et que Gainsborough, auprès desquels il apparaît généralement comme un peintre anglais « mineur », George Romney est surtout connu pour son œuvre de portraitiste. Sa production dans ce domaine est abondante et ne présente pas de grandes innovations par rapport aux formules de ses illustres contemporains et à celles d'autres peintres de l'aristocratie anglaise comme Angelika Kaufmann et Pompeo Batoni. Les historiens de l'art anglais, à la suite d'Ellis Waterhouse, le qualifient, avec quelque dédain, de « portraitiste mondain » (fashionable) et lui reprochent d'avoir été moins sensible au caractère de ses modèles qu'à leur position sociale, manifestée par leurs costumes, leurs attitudes et leurs expressions. Il serait plus juste de considérer que Romney, avant Lawrence qu'il annonce par bien des traits, a exprimé avec ce qu'il fallait de distance le formalisme d'une société en représentation, dans laquelle le masque et l'habit finissent souvent par remplacer l'homme (Sir Christopher et lady Sykes, 1786, coll. part.). Ce regard jeté sur la haute société de la seconde moitié du xviiie siècle n'est d'ailleurs pas sans analogie avec les sentiments que l'auteur de La Nouvelle Héloïse prête à Saint-Preux découvrant Paris et le « monde ». De telles dispositions font de Romney l'un des inventeurs du type du dandy, dont son portrait de William Beckford, l'auteur de Vathek, est un admirable archétype (coll. Bearsted, Upston House). 


UNE IDÉE LITTÉRAIRE POÉTIQUE : 
"Les Rêveries d'un Promeneur Solitaire" de Rousseau

Rousseau naît en plein siècle des Lumières en 1712. A cette époque, les philosophes prônent le progrès sous toutes ses formes. De nouvelles valeurs sont diffusées : la raison, la liberté de conscience et d’expression, la science. Elles remettent en cause la hiérarchie sociale, la discipline, l’ordre et l’autorité de l’Ancien Régime ainsi que les dogmes religieux. Le droit monarchique s’efface devant le « droit naturel ». Un siècle plus tard, on trouve dans le romantisme un désir de peindre les sentiments et de trouver « la liberté dans l’art », comme le dit Hugo dans la Préface de Cromwell. La sensibilité devient fondamentale et l’individualisme prend la place de la philosophie du collectif des Lumières. C’est aussi une période de combats politiques et sociaux, issus des idéaux de la Révolution de 1789. En quoi Rousseau est-il un passeur entre ces deux grands mouvements littéraires ? Nous pouvons ainsi dire qu’il est un homme des Lumières confronté aux grandes questions de son temps mais surtout un romantique qui place sa sensibilité au centre de son œuvre.

Rousseau est bien un penseur du dix-huitième siècle dans sa prise de position contre la monarchie, dans l’intérêt qu’il porte à l’éducation, à la botanique, et dans sa théorie sur le « droit naturel » qui doit succéder au droit divin. Cependant il se différencie par la vision même qu’il a de ces sujets. En effet il perçoit les philosophes de son époque comme oisifs et éloquents sans véritable ferveur. Comme les romantiques au dix-neuvième siècle, sa vie et ses pensées sont dictées par la sensibilité, le « moi » a donc une importance fondamentale dans sa philosophie. La nature est pour lui le seul milieu véritable à l’évolution de l’individu. Elle est le lieu de ses réflexions, ses rêveries et est étroitement liée à ses sentiments. Elle a un pouvoir bénéfique sur lui, elle exalte son moi, sa sensibilité et lui permet d’accéder à une forme de bonheur. Enfin Rousseau est l’homme du voyage, l’écrivain en exil constant, mal dans son monde et mal dans la société. Rousseau fut décrié alors que Voltaire était la coqueluche des penseurs de l’Europe, cependant il a actuellement un impact plus important. La place centrale de l’être humain dans l’œuvre de Rousseau en fait une œuvre intemporelle.


UNE MUSIQUE D'UN BONHEUR CONTAGIEUX
Porpora - Nisi Dominus - 


Le compositeur italien Porpora est, durant la première partie du xviiie siècle, c'est-à-dire à l'âge d'or du bel canto, l'un des principaux représentants de ce qu'il est convenu d'appeler l'école napolitaine. Sa carrière comporte deux types d'activités : la composition (environ 150 œuvres connues comprenant de très nombreux opéras, des cantates profanes et sacrées, des oratorios, des pièces religieuses et un groupe d'œuvres instrumentales) et la pédagogie musicale. Il enseigne le chant et la composition dans son école privée, dans les institutions de bienfaisance napolitaines et vénitiennes ainsi qu'à des personnes de l'élite aristocratique. Parmi ses multiples élèves, il compte les célèbres castrats Carlo Broschi — dit Farinelli —, Gaetano Majorano — dit Caffarelli —, Antonio Uberti — dit Porporino —, Felice Salimbeni et la soprane Regina Mingotti.


SITE D'HISTOIRE DE L'ART
 https://culturejai.fr/
L'union de la musique, de la peinture et de l'histoire



Posts les plus consultés de ce blog

Jean Suau - La France offrant la Liberté à l’Amérique, 1784

La princesse de Lamballe par Antoine-François Callet, vers 1776.

"LA JUSTICE CHÂTIANT L'INJUSTICE" de Jean Marc Nattier