« Monsieur Rigaud était de un de ces hommes rare que le ciel fait naître pour servir de guide et de modèle aux artistes (…) il connaissait la grande distance qu’il y a du beau à l’excellent ; on l’a vu plus d’une fois effacer des choses qui lui avaient coûté plusieurs jours de travail et qui plaisaient aux plus habiles. »
Ainsi s’exprime Colin de Vermont dans le Mercure de France de novembre 1744.
UNE IDÉE DE PEINTURE
Portrait du cardinal de Bouillon par Hyacinthe Rigaud (1659-1743).
Toile. 2,74. x 2,17m. Musée de Perpignan.
Ce peintre français est d'origine, un catalan espagnol, considéré comme l’un des plus célèbres portraitistes français de la période classique. Rigaud doit sa célébrité à la fidélité de la dynastie des Bourbons, dont il peint les effigies sur quatre générations. il obtient le prix de Rome en 1682. Reçu à l'Académie royale de peinture et de sculpture dès 1700, il gravit tous les échelons de cette institution jusqu’à sa démission en 1735.
UN PEU D'HISTOIRE
Ce spectaculaire tableau fut confectionné pour une commémoration bien précise, rapportée une fois de plus par Saint-Simon : « En 1700, le cardinal de Bouillon, devenu sous-doyen du Sacré-Colège, eut le plaisir d’ouvrir la Porte Sainte du Grand Jubilé du renouvellement du siècle, par l’infirmité du Cardinal Cybo, doyen. Il en fit frapper des médailles et faire des estampes et des tableaux. […]
On ne peut marquer un plus grand transport de joie, ni se croire plus honoré et plus grand de cette fonction, qu’il ne devrait pourtant à aucun choix, tout en précisant que le cardinal s’avisa de se faire peindre et beaucoup plus jeune qu’il n’était. Le monde ne l’avait pas encore déserté à Rouen, et il y en avait beaucoup dans sa chambre lorsqu’il dit au peintre qu’il fallait ajouter le cordon bleu [du Saint Esprit] à son portrait parce qu’il le peignait dans un âge où il le portait encore [il en fut pourtant radié par Louis XIV en 1700 !].
Cette petitesse surprit fort la compagnie. Elle la fut bien davantage lorsque le Cardinal, voyant qu’on se mettait en soin d’en chercher quelqu’un pour le faire voir au peintre, dit qu’il n’était pas besoin d’aller si loin, et, se déboutonnant aussitôt, en montra un qu’il portait par-dessous, pareil à celui qu’il portait par-dessus avant que le Roi lui eût fait redemander l’Ordre.
Le silence des assistants le fit apercevoir de ce qui se passait en eux : il en prit occasion d’une courte apologie pleine de vanité, et d’une explication des droits de la charge de grand aumônier. Il prétendit n’en être pas dépouillé parce qu’il n’en avait pas donné la démission ».
UNE IDÉE MUSICALE :
Telemann: Suite pour orchestre TWV 55
Contemporain de Bach, Telemann est l’un des compositeurs allemands les plus célèbres de son époque notamment par sa production atteignant les 6000 œuvres. Il marque par son goût de la nouveauté la transition entre l’âge baroque et la période classique.
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